Briser le cycle des catastrophes : investir dans la résilience pour un avenir durable
Septembre 2025
Briser le cycle des catastrophes : investir dans la résilience pour un avenir durable
Chaque année, les catastrophes coûtent à l’humanité bien plus que des vies perdues ou des infrastructures détruites. Elles déclenchent un cycle vicieux — pertes, endettement, inassurabilité et dépendance à l’aide humanitaire — qui mine la prospérité mondiale. Le Global Assessment Report 2025 (GAR) de l’UNDRR lance un avertissement clair : si nous continuons à gérer les crises au lieu de les prévenir, nous allons droit vers un monde où de plus en plus de sociétés seront piégées dans la vulnérabilité.
Ce rapport propose pourtant une alternative : investir dans la résilience, non pas comme un coût, mais comme un levier de prospérité et de stabilité.
Le coût croissant des catastrophes
Les chiffres sont saisissants : les pertes directes atteignent déjà 202 milliards de dollars par an, mais lorsqu’on inclut les impacts sociaux et environnementaux, l’addition grimpe à 2 300 milliards de dollars annuels. Ces pertes ne sont pas seulement matérielles. Elles provoquent une baisse des revenus, creusent la dette publique et entraînent des dégradations de la note de crédit, fragilisant encore davantage les pays touchés.
Le rapport rappelle une vérité simple : beaucoup de ces pertes sont évitables. Comme le montre l’évolution des décès liés aux catastrophes (figure en page 8 du rapport), les politiques de prévention et de réduction des risques ont déjà permis de sauver des millions de vies depuis le début du XXe siècle. Les bénéfices sont tangibles : chaque dollar investi dans la réduction des risques peut générer un retour allant de 2 à 10 dollars.
Trois spirales destructrices
Le GAR 2025 identifie trois dynamiques qui transforment les catastrophes en crises systémiques:
- La spirale de l’endettement – Les catastrophes réduisent les recettes fiscales, forçant les gouvernements à emprunter davantage. Résultat : une charge d’intérêts insoutenable qui limite les marges de manœuvre pour la reconstruction.
- La spirale de l’inassurabilité – Les pertes massives font grimper les primes, découragent les assureurs et laissent des millions de foyers sans protection économique (comme en Australie, où un demi-million de logements pourraient devenir inassurables d’ici 2030).
- La spirale du “réagir, reconstruire, répéter” – L’essentiel des financements est dirigé vers l’urgence et la reconstruction plutôt que la prévention. Entre 2005 et 2017, seulement 4 % de l’aide liée aux catastrophes a servi à réduire les risques
Ces spirales s’auto-alimentent et menacent directement la durabilité et la stabilité financière mondiale.
La résilience, un investissement rentable
Le rapport fournit des exemples concrets de rendements économiques de la résilience. En Thaïlande, des simulations montrent qu’un investissement préventif contre les inondations pourrait éviter 48 milliards de dollars de pertes et limiter une dégradation de la note de crédit nationale.
La résilience ne concerne pas uniquement les États : le secteur privé a un rôle clé. Avec 75 % des investissements en capital mondiaux provenant d’acteurs privés, ignorer le risque revient à fragiliser toute la chaîne économique
Six leviers d’action pour transformer l’avenir
L’appel à l’action du GAR 2025 (voir l’illustration en page 6 du rapport) se décline en six priorités stratégiques:
- Démocratiser la compréhension des risques – rendre l’information accessible et ouverte.
- Réformer le financement public et la réglementation – intégrer la réduction des risques dans chaque budget et projet.
- Innover pour un transfert de risque viable – adapter les assurances aux réalités locales.
- Définir un argumentaire économique – démontrer que la prévention est plus rentable que la réaction.
- Anticiper les chocs pour limiter les besoins humanitaires – renforcer la préparation et les filets sociaux.
- Exploiter les mécanismes financiers internationaux – mobiliser les marchés mondiaux pour réduire la vulnérabilité des pays endettés.
Conclusion : investir aujourd’hui pour prospérer demain
Le message du rapport est clair : il faut en finir avec la gestion réactive des catastrophes. Les coûts humains et économiques explosent, mais les solutions existent. Miser sur la résilience, c’est non seulement protéger des vies, mais aussi sécuriser la stabilité financière et accélérer un développement durable.
Comme le souligne l’UNDRR : “Briser le cycle destructeur actuel est urgent et essentiel. L’investissement proactif dans la résilience peut ouvrir la voie vers un avenir défini par la stabilité et le progrès durable.”
Reference:
Global Assessment Report (GAR) 2025 | UNDRR